Des périodes de doute et d’incertitude, voire de ras-le-bol complet, nous en connaissons tous au cours de notre carrière. Mais comment distinguer ras-le-bol passager et besoin de changement radical ?
Les changements de vie m’ont toujours passionné tant ils sont à la fois formidables… et angoissants, il faut bien le dire ! Cependant, écouter ses désirs profonds est certainement le meilleur indicateur qui soit pour savoir ce dont on a besoin. Ce n’est pourtant pas si évident !
Changer de vie ? J’y pense et puis j’oublie
C’est vrai que l’on s’écoute peu en matière de réorientation professionnelle : la reconversion est une idée que la plupart des gens évoquent à l’envie, laissent mûrir longtemps, parfois 10, 15 ou 20 ans, avant de se décider à sauter le pas. En réalité, on a tendance à relayer cette idée car il y a l’envie, mais aussi les craintes : quitter un certain confort (qui n’est autre que la certitude d’un confort), la peur de ne pas retrouver un travail ou une rémunération équivalente fait craindre des renoncements peu désirés. Sans compter que la démarche nécessite de gros efforts et beaucoup d’énergie. Assez logiquement, on ne cultive aucune envie de changer dans la douleur, par un déséquilibre de vie.
Coincé entre raison et aspirations
Alors, la valse des excuses, plus ou moins fondées, permet de faire quelques pas… de côté. De plus, il est vrai que les employeurs français ne sont pas réputés être de grands fans des profils atypiques… l’hésitation peut durer toute une vie, certains préférant se contenter de ce qu’ils ont et trouvant des avantages à persévérer dans la même voie (salaire, horaires, etc.). En réalité, parmi les témoins du changement, je constate que c’est le plus souvent un élément déclencheur fort, comme un accident, une maladie, un licenciement… qui fait qu’on se met à relativiser les obstacles et qu’on se lance dans une reconversion.
Des symptômes à prendre avec des pincettes
Ecoutez-vous bien : différents « symptômes » peuvent aussi vous guider sur cette piste de réflexion : ennui, impression de faire du surplace, sentiment de frustration, perte de motivation, sensation que vos valeurs sont en désaccord avec votre activité… Attention également aux interprétations hâtives : peut-être avez-vous simplement besoin de changer de crémerie ? Entre un commercial qui ne peut plus voir son chef en peinture et un comptable qui ne plus supporter les chiffres, le problème est radicalement différent. Certains de mes clients sont venus me voir pour entreprendre leur changement de vie… et ils ont finalement fait le choix intéressant de poursuivre leur carrière, en y ajoutant des repéres et des limites leur garantissant un meilleur épanouissement.
Où je veux être demain ?
Afin d’y voir clair, il est déterminant de rechercher la raison véritable de son ou ses insatisfactions. Cette clairvoyance repose sur une question essentielle : où je veux être demain ? Pour ce faire, vous devez tout mettre à plat, en listant d’une part ce qui pose problème, d’autre part ce dont on a envie à la place (façon d’exercer, ambiance, lieu de travail, etc.). La recherche d’une autre voie professionnelle se travaille en profondeur ! La patience, conjuguée à la réflexion, à des recherches, est donc réellement nécessaire.
On retiendra enfin que dans de nombreux cas, les personnes qui s’engagent dans une reconversion recherchent une activité qui corresponde mieux à leurs convictions personnelles. Rien d’étonnant somme toute, puisque les goûts et les valeurs évoluent au fil des années… Parmi ces « reconvertis », un profil particulier revient souvent : celui qui se dit poussé par le désir de retourner à ses premières aspirations professionnelles, contrariées durant la jeunesse pour moult raisons.
Les mauvaises raisons de se reconvertir
En général, toutes les réflexions qui ne sont pas portées par une réalité profonde et intérieure ne mènent pas vers des changements de cap exceptionnels ! Une reconversion réussie passe par des motivations très personnelles, sincères et véritables, comme la réalisation de soi, ou le choix d’un métier qui soit en accord avec ses goûts, ses valeurs et ses principes.
En conséquence, tout objectif « extérieur à soi » serait à ranger dans la catégorie des mauvaises raisons, tout simplement parce que dans ce cas, vous augmentez le risque d’échec : si vous n’êtes pas en cohérence avec vous-même, il y a de fortes chances pour que le projet ne marche pas. Dans la grande majorité des cas, seul un métier que vous aimez et qui vous motive vraiment vous permettra d’aller jusqu’au bout de votre envie et de vous épanouir par la suite.
Quelques exemples de motifs de reconversion risqués :
- Gagner plus d’argent
- Obtenir davantage de reconnaissance
- Être poussé par quelqu’un d’autre
- Être poussé par la conjoncture
- Faire plaisir à quelqu’un
- Fuir une situation difficile : échec, crise, se sentir dépassé par les événements, trop stressé…