Prendre plaisir au voyage intérieur
Escompter le bonheur permanent, c’est s’exposer à l’échec et à la désillusion. On ne saurait bénéficier de tout ce que l’on fait à court et à long terme. Il est parfois rentable de sacrifier le bénéfice présent, et il est évident qu’aucune existence ne se déroule sans qu’on doive s’astreindre à des taches sans intérêt. Préparer ses examens, économiser, travailler 60 heures par semaine parce que on est stagiaire, rien de tout cela n’est très plaisant, mais à terme cela peut nous aider à atteindre le bonheur. L’essentiel étant – quand on fait passer le présent après l’avenir si c’est dans notre intérêt – de ne jamais oublier le but qu’on s’est donné : se consacrer le plus possible à ce qui nous assure un bénéfice à la fois présent et futur.
De temps à autre, l’existence de l’hédoniste a ses bons côtés. Tant qu’on encourt pas de conséquences négatives à long terme (comme dans le cadre de la toxicomanie, par exemple), le fait de se consacrer uniquement au présent peut avoir un effet revigorant. À doses modérés, la détente, la futilité, le sentiment de bien-être qu’on ressent à paresser sur la plage, à manger une pizza suivie d’une glace nappée de caramel, ou à regarder la télévision, peut aussi nous rendre plus heureux.
Repensez à une occasion ou à une période prolongée
où vous avez pu conjuguer un bénéfice présent et à venir.
TENTEZ L’EXPERIENCE…
Les quatre quadrants
Quatre jours de suite, passez au moins un quart d’heure à consigner par écrit ce que vous avez vécu en une occasion unique ou pendant un certain laps de temps alors que vous vous situiez dans un des quatre cas décrits ci-dessous. Ne vous souciez ni de la grammaire ni de l’orthographe – écrivez, c’est tout ! Attachez-vous à dépeindre les émotions que vous avez ressenties (ou que vous ressentez) sur le moment, les comportements spécifiques que vous avez adoptés (c’est-à-dire, ce que vous avez fait à ces moments précis), et les pensées qui vous sont venues ou qui vous viennent en écrivant. Quelques instructions pour chacun des quatre quadrants :
Fonceur : racontez une période de votre vie où vous avez eu l’impression de courir sans arrêt on ne songeant qu’à l’avenir. Demandez-vous pourquoi. Quels ont été les bénéfices, s’il en a eu ? Le prix à payer, le cas échéant ?
Viveur : décrivez une période de votre existence où vous vous avez vécu en hédoniste en recherchant le plaisir immédiat tout en fermant les yeux sur les conséquences. Quels ont été les bénéfices, s’il en a eu ? Le prix à payer, le cas échéant ?
Défaitiste : racontez une expérience particulièrement pénible pendant laquelle vous vous êtes senti résigné, ou une période plus longue où vous vous êtes senti desarmé. Décrivez ce que vous avez éprouvé au plus profond de vous-même, vos émotions d’alors ainsi que celles qui vous viennent en écrivant.
Bienheureux : rappelez-vous une époque ou un instant de bonheur suprême. Essayez, en imagination, de faire retour vers le passé et de revivre les émotions ressenties à cette occasion. Puis, mettez-les par écrit.
Et si ces questions vous intéressent aussi pour des rituels professionnels… Parlons-en !
Psychologie HS n°44, page 48