L’intégrité
Être intègre, c’est être honnête, bien sûr, mais c’est aussi être « entier », « intégral », « d’une seule pièce ». On peut parler d’intégrité à propos d’un individu lorsqu’il n’y a pas de rupture, conflit, mais au contraire convergence entre ses paroles et ses actes. C’est, pour un homme politique, respecter ses promesses électorales, mais aussi, chez les gens comme vous et moi, être à l’heure quand on déjeune avec un ami. Les paroles que les politiques prononcent devant leurs millions d’électeurs comptent, comme comptent celle que nous prononçons devant les autres quand nous nous engageons à nous trouver tel jour, à telle heure, à tel endroit.
Personne n’est parfait – tout le monde a déjà été en retard à un rendez-vous, il nous est tous arrivé un jour de ne pas tenir vos engagements –, aussi la question n’est pas de savoir si telle ou telle personne est intégré, finalement, mais si elle est en accord avec elle-même. Nous nous situons tous quelque part entre l’harmonie parfaite et la désintégration totale. A une extrémité du spectre, on trouve les gens qui font tout leur possible pour tenir parole, pour « s’engager vis-à-vis de ses engagements » en quelque sorte, et à l’autre bout, ceux pour qui les promesses ne sont que du vent. Notre position exacte dans ce continuum détermine dans une large mesure le respect que nous inspirons à nos semblables, mais surtout le respect que nous éprouvons pour nous-mêmes. Quand je tiens mes engagements – envers les autres ou envers moi-même –, j’émets à l’intention de tous un message important : mes pensées, mes paroles, ma personnalité m’engagent. Ce que je dit est l’expression de ce que je suis. Aussi est-ce moi-même que je respecte quand j’honore mes engagements verbaux. Pour le psychologue Nathaniel Brand, l’intégrité est une des clefs de l’auto-estime – une notion dont il est considéré comme le père. Ses travaux (et ceux d’autres chercheurs) tendent à démontrer l’existence d’une « boucle d’autorenforcement » entre l’une et l’autre.
Plus on pratique l’intégrité, plus on s’estime de soi-même, et plus on a d’auto-estime, plus on a de chances d’incarner les convergences entre les paroles et les actes.
Quelles sont les personnes qui, à vos yeux, incarnent l’intégrité portée à son plus haut niveau ?
Dans quel domaine aspireriez-vous à être vous-même plus intègre ?
TENTEZ L’EXPERIENCE…
La pratique de l’intégrité
Pour renforcer son auto-estime, il n’y a guère de meilleur moyen que le pratiquer l’intégrité. On peut commencer par s’engager à être à l’heure à tous ses rendez-vous, toutes ses réunions hebdomadaires, puis mettre noir sur blanc ses propres promesses (rappeler tel ou tel ami, Donner un coup de main à tel ou tel collègue, emmener les enfants au cinéma) et enfin veiller à tenir tous ses engagements. Ou bien on peut faire du sport trois fois par semaine et se nourrir correctement six jours sur sept parce que, justement, on s’y est engagé verbalement.
À la fin de la semaine, on peut alors, rétrospectivement, tirer les leçons de l’expérience, réfléchir. Ou me suis-je situé dans le spectre de l’intégrité ? Y a-t-il des domaines (vie familiale, vie professionnelle…) où je compromets mon intégrité plus que dans d’autres ? Quels sont les engagements que je n’ai pas pu tenir ? En ai-je pris trop, et, le cas échéant, quels sont ceux que je peux ne plus prendre ? Une fois que l’on a assimilé les leçons de la semaine, on peut s’engager pour la suivante à pratiquer l’intégrité.
Cet exercice doit être mise en œuvre graduellement. De la même manière qu’on ne se lanceraient jamais dans un programme d’entraînement en courant 15 km par jour, il ne faut pas s’attendre à instaurer l’intégrité absolue dans sa vie du jour au lendemain. Cela se cultive, cela prend du temps, et on doit se préparer à progresser continûment tout au long de sa vie. Il ne faudra qu’une semaine ou deux pour constater que l’on s’estime plus qu’avant et que les autres nous respectent davantage, mais des mois – voire des années – d’efforts conscients pour que l’intégrité devienne une seconde nature, un mode de vie.
Et si ces questions vous intéressent aussi pour des rituels professionnels… parlons-en !
Psychologie HS n°44, page 62