Question de sens
Au début des années 1970, Marva Collins est institutrice dans le centre-ville de Chicago, où la drogue et la criminalité sont omniprésentes et l’espoir aussi rare que l’optimisme. En 1975, elle fonde pour les enfants de son quartier une preparatory school où, dès 10 ou 11 ans, des élèves considérés comme irrécupérables, qui ont déjà été renvoyés de plusieurs établissements, apprennent à lire Shakespeare et Emerson. Pendant plus de 20 ans, elle s’est battue pour survivre financièrement, et plus d’une fois, elle a cru qu’elle serait obligée de fermer son école. Mais, à aucun moment, elle n’a perdu de vue son ambitieux objectif : pour elle, le but ultime, c’était le bonheur des enfants. Elle a déclaré à propos d’une de ses élèves : « Lire dans ses yeux la lumière, qui un jour illuminera le monde, compense toutes les nuits blanches passées à me demander comment j’allais équilibrer mon budget. »
Marva Collins aurait pu gagner beaucoup d’argent et, dans les années 1980, on lui a même proposé le portefeuille de ministre de l’Éducation, mais ce qu’elle aimait, elle, c’était enseigner, et elle était sincèrement convaincue que c’était dans une salle de classe qu’elle était le plus utile. L’enseignement donnait un sens à sa vie et aucune autre profession, d’après elle, n’aurait pu en faire autant. Elle y trouvait une récompense affective qu’aucune somme d’argent n’aurait pu lui procurer. A ses yeux, elle était « la femme la plus riche au monde », et son vécu d’enseignante avait davantage de valeur pour elle que les plus précieux trésors, parce que le capital suprême, ce n’est ni l’or ni le prestige, mais le bonheur.
À vos propres yeux, qu’est-ce qui vaut tout l’or du monde ?
Pouvez-vous imaginer ce qui, dans votre vie, vous apporterait une telle richesse,
en partant du principe que la valeur suprême n’est pas l’or, mais le bonheur ?
TENTEZ L’EXPERIENCE…
Un tableau qui ait du sens…
Sur une période d’une ou deux semaines, consignez vos activités quotidiennes. Chaque soir, mettez par écrit ce que vous avez fait pendant la journée et le temps que vous avez consacré à chacune de ses activités – vous avez répondu à vos mails pendant un quart d’heure, vous avez passé deux heures devant la télévision, etc. Nul besoin de faire un rapport détaillé, minute par minute, mais il faut tout de même que le résultat donne une idée générale de votre emploi du temps quotidien.
À la fin de la semaine, tracez un tableau énumérant vos activités, puis inscrivez le temps que vous avez consacré à chacune, et une appréciation sur le sens et le plaisir qu’elle vous apporte. Dans la colonne du temps passé, précisez si vous aimeriez en consacrer plus ou moins à l’occupation en question grâce aux signes « + », « ++ », « – » ou « – – ». Si, au contraire, vous jugez la proportion de temps satisfaisante ou si vous ne pouvez rien y changer, inscrivez « = » à côté.
Y a-t-il des activités, dans votre vie actuelle, qui pourraient vous rapporter beaucoup en terme de ce que l’on appelle le « capital suprême », c’est-à-dire le bonheur ? Si vous alliez une fois par semaine au cinéma, cela contribuerait-t-il à votre bien-être ? Si vous donniez toutes les semaines quatre heures de votre temps à une organisation caritative qui vous tient à cœur et que vous fassiez en outre trois heures de gymnastique, seriez-vous plus heureux ? Si vos contraintes sont nombreuses, si vous ne pouvez pas introduire de changements significatifs dans votre emploi du temps, tirez le maximum de ce qu’il vous est possible de faire. Si la distance entre votre domicile et votre lieu de travail vous oblige à passer une heure – aussi assommante qu’inévitable – au volant de votre voiture, matin et soir, essayez d’y instiguer du plaisir et du sens. Par exemple, en écoutant un livre audio ou votre musique préférée, pendant au moins une partie du trajet. Ou alors prenez le train et profitez-en pour lire. Dans la mesure du possible, faites de ces changements autant de rituel.
De plus en plus, la question du sens est totalement reliée à la motivation
Si vous vous demandez comment aider vos collaborateurs à s’engager.… parlons-en !
Psychologie HS n°44, page 42