La thérapie cognitive
La thérapie cognitive pose comme postulat de base que nous réagissons à notre interprétation des événements plutôt qu’aux événements proprement dits. Ce qui explique que le même facteur déclenchant provoque des réponses radicalement différentes selon les personnes. Un événement conduit à une pensée (ou interprétation) qui, à son tour, suscite une émotion. Je vois un bébé (événement), je constate qu’il s’agit de mon filleul (pensée), et je ressens de l’amour (émotion). Je vois le public qui attend que je commence ma conférence (événement), Je l’interprète comme potentiellement dangereux (pensée), je ressens de l’angoisse (émotion).
Évènement –> Pensée –> Émotion
Le but de la thérapie cognitive est de restaurer chez le sujet une perception réaliste de son environnement en le délivrant de ses raisonnements fallacieux. Désormais, quand on prend conscience du caractère irrationnel de telle ou telle notion (donc de sa déformation cognitive), on se met à voir l’événement sous un autre angle, et, par conséquent, on le ressent différemment. Par exemple, si je suis paralysé par l’angoisse avant un entretien d’embauche, je peux évaluer la pensée qui la déclenche (si je ne suis pas pris, tout est fini, je ne trouverais jamais de travail) et réinterpréter l’événement en récusant mon évaluation fallacieuse et en la remplaçant par une évaluation rationnelle (certes je veux cet emploi, mais il en existe d’autres aussi intéressants ailleurs). Cette distorsion fait naître en nous une crainte de l’échec si grande qu’elle en devient maladive. Mais la réflexion rationnelle recadre la situation et la met en perspective.
Pensez à une violente réaction affective qu’a provoquée chez vous une situation bien précise.
Était-elle appropriée ? Pourrait-on interpréter cette situation autrement ?
TENTEZ L’EXPERIENCE…
Le PRP
Parmi les méthodes des plus utiles trouvées, je pour affronter les émotions pénibles liées à l’échec – que ce soit la crainte de celui-ci où la torture consécutive à l’échec –, je citerai en premier le « PRP » : je donne la « Permission » d’être humain, je procède à la « Reconstruction » de la situation et j’y gagne une plus vaste « Perspective ».
Pensez à un événement récent qui vous a perturbé, ou à un autre dont vous redoutez qu’ils surviennent dans un proche avenir. Commencez par vous donner la permission d’être humain – avouez-vous ce qui est arrivé et ce que vous avez ressenti à cette occasion. Vous pouvez mettre le tout par écrit, ou le décrire oralement à une personne de confiance. Si vous préférez, accordez-vous le temps, la place de vivre ce que vous avez à vivre sur ce plan. Ce premier stade peut durer de cinq secondes à cinq minutes ou plus. Vient ensuite la reconstruction de la situation. Demandez-vous quelles pourront être ses conséquences positives. Cela ne signifie pas que vous vous en réjouissez, mais simplement que les bénéfices potentiels existent. Qu’avez-vous de nouveaux apprendre ? Cela peut-il vous apporter un nouvel éclairage sur vous-même ou les autres ? Cela peut-il développer votre faculté de compatir, ou vous aider à mieux apprécier ce dont vous jouissez déjà dans la vie ?
Prenez un peu de recul et replacez la situation dans une perspective plus large. Parvenez-vous à prendre suffisamment de distance ? Comment percevrez-vous les circonstances actuelles d’ici un an ? Ne seriez-vous pas en train d’accorder trop d’importance à des détails ?
Le cheminement à travers les trois étapes du PRP n’est pas nécessairement linéaire. Vous pouvez passer directement de la permission à la perspective avant de revenir à la construction, pour tout reprendre au stade de la permission, et ainsi de suite. Répéter régulièrement l’exercice, soit en vous penchant à nouveau activement sur une situation passée, soit en réagissant aux événements à mesure qu’ils se produisent. Plus vous pratiquerez cette méthode, plus vous en tirerez de bénéfices.
Et si ces questions vous intéressent aussi pour des rituels professionnels… parlons-en !
Psychologie HS n°44, page 78