Perfectionnisme et optimalisme
La différence essentielle entre le perfectionniste et l’optimiste est que le premier refuse essentiellement la réalité, tandis que le second l’accepte.
Le perfectionniste voudrait que le chemin menant à ses objectifs soit direct et dépourvu d’obstacles. Quand on se rend compte que, évidemment, il n’en est rien, on est très contrarié, on a du mal à s’adapter. Là où le perfectionniste refuse l’échec, l’optimiste l’accepte en y voyant un aspect normal de la vie et une expérience intimement liée à la réussite. Il comprend que s’il n’a pas décroché le poste qu’il visait, s’il s’est disputé avec sa femme, ça fait partie de la vie vue comme satisfaisante et bien remplie ; il en tire les leçons qu’il peut et en ressort plus fort, plus résilient.
Personnellement, si j’ai été malheureux pendant les premières années d’étude, c’est en grande partie parce que je ne voyais pas que l’échec fait partie intégrante du processus d’apprentissage, et de la vie elle-même. Les perfectionnistes remplacent la réalité qu’il refuse par un univers fantasmatique où ni l’échec, ni les émotions douloureuses n’existent et où les critères de la réussite, même s’ils sont irréalistes, demeurent à leur portée. Les optimistes, eux, acceptent l’évidence : dans le monde réel, il est inévitable de souffrir et d’échouer, et la réussite doit être définie selon des critères raisonnables.
Ce déni de la réalité, les perfectionnistes le paient très cher, car il les conduit à l’angoisse : l’éventualité de l’échec n’est jamais loin. Quant à leur refus des émotions douloureuses, il débouche fréquemment sur une aggravation des émotions qu’ils tentent de refouler ce qui leur fait encore plus de mal. En fermant les yeux sur les contraintes du monde réel, ils placent la barre trop haut. Comment pourraient-ils alors se sentir à la hauteur ?
De leur côté, les optimistes retirent un grand bénéfice affectif de l’acceptation de la réalité, ce qui leur permet de vivre une vie plus enrichissante. En considérant l’échec comme naturel, ils s’angoissent moins, jouissent davantage de ce qu’ils font. Par ce qu’ils acceptent le fait que les émotions douloureuses sont inévitables, en ne les repoussant pas, Ils évitent de les exacerber ; il les vivent pleinement, en tirent des leçons et passent à autre chose. Ils acceptent limites et contraintes, se fixent des buts à leur portée et sont donc à même de vivre, apprécier et savourer la réussite.
Y a-t-il des domaines où vous-même montrez des tendances optimistes ?
D’autres où vous êtes plutôt un perfectionniste ?
TENTEZ L’EXPERIENCE…
Tableau des comportements
Examinez les éléments ci-dessous et, pour chacune des deux catégories, pensez à quelques occasions où, dans votre vie, vous avez agi selon l’une ou l’autre tendance. Remarquez-vous des comportements systématiques que vous pourriez changer ? Si vous avez agi une seule fois en perfectionniste, comment auriez-vous pu vous y prendre autrement, en résonnant cette fois en optimiste ?
LE PERFECTIONNISTE
- Refuse l’échec
- Refuse les émotions douloureuses
- Refuse la réussite
- Refuse la réalité
L’OPTIMISTE
- Accepte l’échec
- Accepte les émotions douloureuses
- Accepte la réussite
- Accepte la réalité
Et si ces questions vous intéressent aussi pour des rituels professionnels… parlons-en !
Psychologie HS n°54, page 34